Prix Casanova 2017 (auteur étranger écrivant directement en français) / Finaliste du Prix Gallimard des Lecteurs 2017

Lu par Paméla en mai 2017 :

Slobodan Despot, de nationalité serbo-suisse et né en 1967 est écrivain, éditeur, traducteur, et chroniqueur. Possédant plusieurs langues et recréant son existence dès lors qu’elle s’éloigne de ses convictions, il parcourt régulièrement le monde à la recherche des derniers authentiques. Dans Le Rayon bleu, fable géopolitique sur fond de dissuasion nucléaire, il met à jour la solidarité des « éveillés », ces êtres qui nous protègent en secret. D’une intelligence sereine et mélancolique, son écriture le place au-dessus des écrivains de l’air du temps.

Dans sa fine critique du roman pour le Figaro, Jean-Christophe Buisson* a d’ailleurs relevé du Pierre Schoendoerffer** dans la plume de Slobodan Despot. Je ne saurais mieux dire ! La lecture de son premier roman Le Miel (également disponible en Folio à la librairie) m’avait déjà profondément marquée. Il se concluait sur cette phrase impeccable « chacun de nos gestes compte. » Ce à quoi je souscris fermement.

Le Rayon Bleu recèle lui aussi de nombreux bijoux, sobres et éternels, sans jeu de prose excessif, de ces remarques qui peuvent résoudre en une fraction de seconde ce que vous sentiez proche sans arriver à le toucher, si bien que l’intrigue importe, bien sûr, mais n’est à mon sens que secondaire, un écrin élégant mais se faisant souvent oublier au profit de sa lecture plus générale du monde et du cœur des hommes. Comme par exemple dans ce passage où le personnage féminin principal se remémore une conversation avec son père :

« À quoi travaillez-vous autant ?
– À la fin du monde. » Elle s’était arrêtée, intriguée : « Vous voulez tuer le monde ou vous voulez le sauver ?
– Je voudrais le sauver, mais en le sauvant, je risquerais de le tuer. C’est ce qui me préoccupe. » Comme elle faisait une mine dubitative, il s’expliqua : 
« Le monde est comme un chat perché au sommet d’un arbre. Il est monté trop haut et il tremble de peur. Si tu tends ton bras pour l’aider, il risque de ne pas comprendre et de tomber de sa branche. » page 91

Présentation de l’éditeur :

Dans un château désert, un vieux téléphone continue de sonner. Caché au fond de l’océan, un sous-marin nucléaire attend l’ordre suprême. Tous deux sont liés à Herbert de Lesmures, un haut conseiller de l’Élysée retrouvé mort à Paris. Carole-Anne, sa fille cadette, ne croit pas au suicide et encourage un jeune journaliste à mener l’enquête. Par amour pour elle, mais aussi parce qu’il est fasciné par Lesmures et le «téléphone immobile», il fera bien plus : il écrira ce livre, une complainte pour la France et le monde, unis dans leur destinée.

Gallimard, collection Blanche, 192 pages, 17 €.

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Notes

  • *Auteur de 1917 chez Perrin, présentateur de Historiquement Show, sur la Chaîne Histoire
  • ** Cinéaste, reporter de guerre et auteur notamment de l’immense Crabe-Tambour