Nous inaugurons avec Alain Denizet une série mensuelle de cinq questions à un ou une auteur-e de la région à l’occasion de la parution récente d’un de leurs ouvrages, qui permettra de dresser ici-même, au fil du temps, un annuaire littéraire des talents locaux ! 

1/ Pouvez-vous vous présenter rapidement à nos lecteurs ?

Je suis né en Eure-et-Loir à Dreux en 1959. Professeur agrégé d’histoire-géographie, j’ai exercé neuf ans à l’étranger (Ecosse, Burkina-Faso, Niger) avant de retrouver le drouais. Je suis marié et père de trois enfants

2/ Quel est votre relation avec la Beauce ?

Mes ancêtres ont leurs origines en Beauce depuis le milieu du XVIIe siècle autour de Voves, de Janville et d’Orgères-en Beauce. Tous, sans exception, ont été paysans. J’ai été le premier à rompre avec la tradition en devenant professeur. Mes livres s’enracinent dans ma région d’origine.  Au cœur de la Beauce, enquête sur un paysan sans histoire fut le premier d’entre eux.

3/ Pouvez-vous nous présenter votre dernier ouvrage ?

Le roman vrai du curé de Châtenay raconte l’histoire d’un prêtre modèle, natif d’Ymonville. Or, il disparait subitement le 24 juillet 1906. Dans le contexte d’opposition entre cléricaux et anticléricaux, l’affaire suscite un déferlement médiatique autour de deux hypothèses : assassinat ou fugue ? Après deux mois d’enquête, le juge d’instruction conclut à l’assassinat. Le 24 septembre, la famille se résout à une cérémonie funèbre. Et le même jour à Bruxelles….

Au-delà des incroyables rebondissements de ce fait divers, cette histoire interroge sur le pouvoir de la presse et sur des questions toujours débattues de nos jours : célibat des prêtres et chasteté.

4/ Quel est le dernier ouvrage que vous avez lu ?

1967-1989, la fin d’un monde d’Olivier Cojan. Ce sixième tome met un terme à cette formidable saga qui débute en 1898. À travers le destin de deux familles que l’auteur entrelace avec talent, la saga brosse le portrait de notre XXe siècle avec panache, intelligence et érudition. Je ne vois pas d’équivalent dans la littérature française actuelle.

5/ Quels sont les trois ouvrages que vous aimeriez conseiller, en ce moment, à nos lecteurs ?

Nuit d’Edgard Hilsenrath (réédition, 2014). La vie dans un ghetto juif ukrainien pendant la seconde guerre mondiale. Un livre à la fois roman et témoignage à nul autre pareil.

Un monde sans rivage d’Hélène Gaudy, (2019).  Il conte l’épopée dramatique de l’expédition Andrée en Arctique pour découvrir le pôle Nord en 1930 et en montgolfière. Texte magnifique.

L’inconnu de la poste, de Florence Aubenas (2021). Une écriture limpide, sèche au service d’une analyse sociale et d’un portrait de Gérald Thomassin, acteur prometteur, devenu vagabond et bientôt accusé de meurtre.

 

Alain Denizet, Le roman vrai du curé de Chatenay

 

Résumé éditeur :

Enfant de la campagne beauceronne, Joseph entre au petit séminaire en 1884 à l’âge de 13 ans. Élève brillant, il poursuit ses études au grand séminaire jusqu’à son ordination. À 27 ans, il est nommé curé de Châtenay . Pour tous, paroissiens et supérieurs, il est un prêtre modèle. Mais sans aucune explication, sans le moindre indice, il disparaît le 24 juillet 1906.Montée en épingle dans le contexte de la loi de séparation des Églises et de l’État, l’affaire fait les choux gras de la presse. D’autant que face à l’incurie de l’enquête officielle, les titres à sensation dépêchent sur place mage indien, hypnotiseur et dompteur de hyène afin d’élucider ce qui est devenu « le mystère de Châtenay » : crime, ou fugue ? Le 24 septembre, deux mois après la disparition du curé, la famille se résout à une cérémonie funèbre. Sans cercueil : le corps est resté introuvable.

Paru aux éditions EM • Avril 2021 • 380 pages • 20 €