Dédicace 

Nous recevons en dédicace Jean-Claude Ponçon ce samedi 30 septembre de 15h à 17h, à l’occasion de la parution de son dernier roman Le Petit Meaulnes. Cet ouvrage referme une trilogie commencée en 1989 avec La Braconne, de nombreuses fois rééditée et adaptée en film en 1996, et poursuivie avec Examens de passage, également paru en 2017.

Le Petit Meaulnes, Marivole, 2017 

Le Petit Meaulnes, Jean-Claude PonçonD’une lecture fluide et chaleureuse destinée à tous lecteurs, le récit du jeune Jean, de retour au pays Dunois après quelques années dans le Gâtinais, propose une aventure indépendante des ouvrages précédents, où l’adolescent affronte ses souvenirs, ses désirs et ses appréhensions du monde adulte qui l’attend. Le long de la Conie, du cœur de la Beauce jusqu’à Châteaudun, ce fils d’instituteur apprend à devenir un homme et croise au long de ses périples d’étonnants personnages, beaucerons de naissance comme « accourus » de la ville. Jean-Claude Ponçon nous invite à découvrir le pays d’après-guerre, ses espoirs et ses conflits, et à l’entendre encore résonner bien des années plus tard. Un « roman du pays », qui le fera rencontrer à ceux qui s’y installent, comme aux adultes et plus jeunes Beaucerons qui pourront y reconnaître avec plaisir, malgré le temps passé, certaines préoccupations communes et en partager les émois avec le jeune narrateur.
En voici deux extraits : 

« Les semaines qui suivirent déchirèrent le pays comme si un dieu fou furieux le froissait, le secouait, l’émiettait. Cette explosion, j’aurais bien aimé qu’elle ne dépasse pas les limites de la commune, mais son onde de choc dépassa même les frontières du canton.
Derrière les portes closes on ruminait ses peurs et ses colères. Chacun surveillait jalousement son pré carré et soupçonnait son voisin. Tout s’en allait cul par-dessus tête. Je ne comprenais rien à cette tempête brutale soulevant des tourbillons de paroles violentes et de gestes désordonnés. » Page 21

« Mon angoisse s’estompa dès que, au-delà de la gare, la plaine m’apparut, s’étendant à l’infini sous cette grosse lune ronde qui faisait d’elle un immense tapis métallique. Une plaine d’acier et d’aluminium. À nouveau, j’éprouvai cette sensation de délivrance. Je marchai d’un pas alerte sur la route que j’avais parcourue tant de fois à bicyclette avant d’aller dormir chez Geneviève. Je n’avais pas froid ; mon pull, l’épaisseur de mon duffel-coat et mon pyjama sous le velours de mon pantalon me tenaient chaud. Je me sentais bien, maintenant, heureux, libre, délivré.
J’emplissais mon regard de cette Beauce de fer que le ciel d’argent rendait presque irréelle. De loin en loin, comme une tache d’encre de Chine, une ferme refermée sur elle-même me rappelait que des hommes vivaient là.
J’étais seul dans un monde vide, personne ne me savait en route vers mon village. Mon ombre dessinée sur la route me paraissait appartenir à un autre. J’étais un autre.
Il me fallut traverser un hameau où mon pas fit aboyer un chien… Quelques dizaines de mètres plus loin, j’entendis une porte se refermer. La grande solitude des champs faisait remonter les vieilles peurs du temps des loups, des brigands, des reîtres sans emploi devenus maraudeurs de grands chemins.
Mon ombre noire sur la route me faisait l’effet d’un esquif, un petit bateau sur lequel je traversais une plaine de glace. Je ne sentais pas la fatigue, une sorte d’ivresse au contraire me soutenait, me poussait en avant, allégeant mes pas.
Quelques kilomètres plus loin, je traversai la Conie sur un petit pont, à côté d’un lavoir et d’un moulin. Je m’arrêtais pour regarder les longues couleuvres d’argent qui s’enfuyaient sans cesse dans le courant… Je suis resté là je ne sais combien de temps : la nuit, le temps ne compte pas. En repartant, j’emportai le souvenir de ces couleuvres d’argent et de ces lucioles de lune sur l’eau, comme si l’envie de les rejoindre m’avait traversé l’esprit.
De l’autre côté des bois et des marais de la Conie, je retrouvai l’étendue métallique de la plaine. Je savais que j’approchais de chez moi : je reconnaissais le dessin des champs, les fermes isolées portaient des noms connus. Plus loin encore, la ligne sombre des bois fermait l’horizon… Et puis enfin, mon village : j’en distinguais la forme sombre, allongée en chien de fusil. Rien ne pouvait plus m’arriver, j’étais chez moi. » Pages 143-144

Jean-Claude Ponçon : « une histoire de terre, d’eau et d’encre »

 

Fils d’instituteurs, Jean-Claude Ponçon vit le jour à Neuilly sur Seine en 1937. Il suivit ses parents d’un village l’autre : Vigny, Osny, Moigny, Noisy le Grand…
L’enfant de la laïque ne fut ni un écolier de village comme les autres, ni l’élève studieux qu’on attendait, il devait partager sa maison avec les autres. Cette situation particulière le conduisit à la pratique de l’art de la fugue champêtre et le goût de l’interdit.

Il est l’auteur de plus d’une vingtaine d’ouvrages publiés chez Marivole, aux éditions du Rouergue, du Rocher ou encore du Cherche Midi.
Il vit aujourd’hui à Saint Maur sur le Loir et continue à trouver l’essentiel de son inspiration sur les bords du Loir.

 

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